Sam-éclaire
Pourquoi réduire l'impact environnemental du web?
Une majorité des internautes considère Internet comme un univers virtuel et dématérialisé, donc inoffensif pour la planète. Pourtant, chaque octet a un impact dans le monde réel. Les sites web et les services en ligne concentrent une part importante des impacts environnementaux des services numériques.
Le Web est touché de plein fouet par le phénomène d’obésiciel: le poids moyen d’une page web a été multiplié par 115 en 20 ans, passant de 14Ko en 1995 à 1600Ko en 2015, avec une accélération du phénomène ces dernières années. Pourtant tout se passe à peu près à la même vitesse qu’il y a 20 ans. Rien ne peut donc justifier une telle inflation.
A l’échelle individuelle, ce gras numérique semble ne pas peser bien lourd dans la balance. Pourtant il constitue l’un des principaux leviers de l’obsolescence programmée.
Également trop gras, les services en ligne contribuent au phénomène d’obsolescence programmée en obligeant l’internaute à changer d’ordinateur et de smartphone, alors qu’ils sont parfaitement fonctionnels… mais plus assez puissants pour afficher des pages web, toujours plus lourdes.
Donc pour réduire au maximum notre impact environnemental, l’idéal est, dans un premier temps, de favoriser l’achat de machines reconditionnées car en effet la plus grosse partie de la pollution numérique est dû à la fabrication de celles-ci et dans un second temps militer pour la conception d’applications et de sites moins lourds pour réduire le phénomène d’obsolescence programmée.
Cela serait utopique de dire que le numérique pourrait être à 100% écologique, mais l’utopie fait avancer. Choisir une autre façon de vivre la toile sauvage du monde c’est prendre conscience de l’impact du numérique et faire sa part dans cet univers….
L’open source au service du numérique durable
Le 6 septembre 2021, l’Union Européenne a publié un rapport sur l’impact des logiciels open source et du matériel libre sur l’indépendance, la compétitivité et l’innovation au sein de la zone économique.
Qu’est-ce que l’open source ?
L’open source s’oppose aux logiciels et produits propriétaires qui imposent des licences d’utilisation contraignantes, notamment un code source fermé, c’est à dire inaccessible à l’utilisateur du logiciel. Un logiciel open source repose sur plusieurs principes fondateurs comme:
- une redistribution libre;
- l’ouverture du code source du logiciel ou du firmware ou des plans d’assemblage;
- l’utilisation dans tous les domaines.
Un allié à la durabilité du matériel
Contrairement à un équipement s’appuyant sur un écosystème propriétaire et fermé, les équipements numériques avec un système d’exploitation, et des logiciels ouverts peuvent être maintenus par toute une communauté.
Ainsi, lorsqu’il y a un besoin de correctif de sécurité ou des évolutions pour répondre, par exemple, à des exigences de sécurité, il n’est pas nécessaire d’attendre le bon vouloir de l’éditeur. Le risque d’obsolescence par manque de support technique, l’absence volontaire de mises à jour, ou par volonté de pousser à la consommation disparaît.
Les exemples d’ordinateurs auxquels on donne une seconde vie grâce au système d’exploitation Linux et à l’inverse la sensation de lenteur sur des terminaux avec des logiciels ou des systèmes propriétaires sont assez courants.
D’autre part, un composant open source (firmware et plan d’assemblage ouverts), permet un allongement de la durée de vie du matériel auquel il appartient. Il est effectivement plus facilement réparable et remplaçable. En allant plus loin, il sera plus aisé de standardiser les composants et ainsi les réutiliser plus facilement. Nous vous invitons sur ce sujet à découvrir la notion de « matériel libre » ou open hardware en anglais.
Que cela soit d’un point de vue logiciel ou matériel, l’open source est donc un moyen d’allonger la durée de vie des équipements numériques et par conséquent de réduire les impacts environnementaux associés à la fabrication des matériels.
Un levier économique et éthique
Au delà des aspects environnementaux, l’open source influence les finances des entreprises. Bien qu’ils servent d’accélérateur dans un premier temps, il est en effet courant de voir des logiciels propriétaires avec :
- des coûts de licence élevés ;
- une intégration complexe et donc l’obligation de faire appel à des consultants spécialisés et aux tarifs parfois prohibitifs ;
- de nombreuses fonctionnalités inutilisées et payées par défaut ;
- une nécessité de développements spécifiques pour répondre aux métiers de l’entreprise (quand cela est possible) ;
- une absence de maîtrise totale de la part des équipes internes et des postes créés pour uniquement gérer la relation avec les fournisseurs du logiciels ;
- une obligation de payer les mises à jour.
A cela peut s’ajouter une absence de lisibilité sur la propriété de la donnée au sein des logiciels, si bien qu’il est parfois impossible d’arrêter l’utilisation d’un logiciel sous peine de perdre des données critiques pour l’entreprise.
A l’inverse, un logiciel open source est plus facile à maîtriser techniquement par les équipes internes et les données qu’il gère appartiennent de facto à l’utilisateur ou l’entreprise. Il est aussi possible de mieux l’adapter au contexte de l’entreprise, de le maintenir à un coût plus faible et de libérer du temps pour des tâches à plus forte valeur ajoutée.
Un soutien à la compétitivité
L’étude de l’Union Européenne recommande la mise en place d’une politique open source ambitieuse. Cette recommandation est poussée sous le prisme de la compétitivité et non du développement durable, mais une ouverture des composants numériques et des logiciels faciliterait assurément la réduction des impacts environnementaux.
Source : Eco-conception web les 115 Bonnes pratiques, GreenIT.fr avec https://digital-strategy.ec.europa.eu/en/library/study-about-impact-open-source-software-and-hardware-technological-independence-competitiveness-and
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